Ecureuil
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     LES ECUREUILS 
 
 
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Les écureuils empaillés que nous voyons dans les musée d'histoire naturel tiennent presque toujours entre leurs pattes de devant une noisette bien lissée qu'ils se préparent à casser entre leurs petites dents pointues : c'est une attitude familière à l'écureuil. Ce gracieux petit animal est amusant à observer lorsqu'il grignote la nourriture qu'il tient entre ses pattes. Mais il est encore plus drôle lorsqu'il fait l'acrobate dans les arbres ou il bondit en un éclair jusqu'en haut des troncs. Avec sa belle fourrure rousse (ou grise), sa grande queue touffue, ses yeux bruns fureteurs, l'écureuil des l'un des hôtes les plus gracieux de nos forêts. Il se nourrit de noisettes, de faines de hêtre et des tendres poussent des arbres ; mais il a aussi la vilaine habitude de voler des oeufs d'oiseaux. Il lui arrive d'oublier dans des endroits invraisemblables de grandes provisions de nourriture : c'est un prodigue qui gaspille plus qu'il ne mange. On rencontre l'écureuil commun presque dans toutes les forêts d'Europe et jusqu'en Chine. Il construit son nid sur une branche fourchue ou au creux d'un tronc. Il sait à l'occasion utiliser un vieux nid d'oiseau qu'il consolide et le garnissant de mousse. En hiver, l'écureuil dort dans son nid pendant des semaines ; de temps à autre, il se réveille, va chercher un peu de nourriture dans l'une de ses cachettes qu'il a remplies pendant l'été, puis se rendort.

Au Printemps, les mâles se battent furieusement, toutes dents et toutes griffes dehors. Le vainqueur emmène sa femelle durement conquise et ils construisent ensemble le nid douillet où naîtront, quarante jours plus tard 3 à 7 petits. Sans poils et les yeux clos, ils sont très laids ; mais après quelques semaines d'allaitement maternel, ils deviennent très gracieux et commencent à se mettre en quête de nourriture. Le père et la mère les suivent avec amour, leur apprenant à grimper, à bondir d'un arbre à l'autre, à éviter leurs ennemis. Ceux-ci sont nombreux ; c'est que l'écureuil est un régal pour les oiseaux de proie, ainsi que pour le renard ou la belette. Celle-ci grimpe et force le refuge des écureuils ; elle les poursuit dans les arbres avec une grande agilité. Beaucoup périssent ainsi mais les écureuils sont heureusement très prolifiques ... Ils ont une seconde portée en été.

un écureuil gris
Un écureuil gris

L'ÉCUREUIL
(Article de 1865)

L'écureuil est le plus joli, le plus svelte, le plus gracieux de tous les rongeurs. Il n'est personne qui n'ait eu l'occasion d'admirer, dans ces cages tournantes où l'on a trop souvent la cruauté de l'enfermer, son œil vif, sa physionomie fine, la gentillesse de ses mouvements, l'élégance de cette longue queue en panache qu'il relève jusque par-dessus sa tête. Il a aussi cette originalité qu'il mène une vraie vie d'oiseau. Il choisit un grand arbre dans les plus hautes futaies, et il y vit en famille. Il saute de branche en branche, passe sur les arbres voisins, monte, descend, fait mille gambades avec une prestesse incroyable ; l'œil le plus exercé peut à peine le suivre dans ses évolutions, on pourrait dire dans son vol.

A son extrême légèreté, il joint beaucoup de malice pour se dérober à votre regard : s'il vous a vu, il aura soin de mettre toujours le tronc de l'arbre ou une grosse branche entre vous et lui ; changez de place, tournez, retournez autour de l'arbre, il tourne et retourne en même temps que vous. On peut se promener pendant plusieurs heures dans une forêt peuplée d'écureuils sans en apercevoir un seul, si l'on n'a pas pris la précaution de marcher en silence.

Les dehors séduisants, les qualités brillantes qui plaisent aux yeux, ne sont pas les seuls avantages de l'écureuil ; il se recommande encore par des qualités solides : il est excellent père de famille ; il montre le plus grand attachement pour sa femelle et ses petites ; il se fait brave, il devient téméraire pour les défendre.

Les chasseurs ont remarqué qu'ils tuaient beaucoup plus de mâles que de femelles : la raison en est que le mâle reste en arrière et s'expose pour couvrir la retraite des siens. La mère n'a pas moins de tendresse pour ses enfants. Dupont de Nemours raconte qu'en 1785, quand on abattit le parc de Versailles, on le trouva rempli d'une multitude d'écureuils dont à peine jusque-là on avait soupçonné l'existence. « Leur désolation fut affreuse, dit-il ; les mères couraient éplorées de côté et d'autre, à travers les arbres renversés, leurs petits dans les bras, ne sachant où les cacher. Les mâles bordaient l'abatis, se précipitant du côté où paraissaient les curieux, disant, avec leurs grimaces, toutes sortes d'injures, leur dernière ressource. »

Nous avons dit que les écureuils mènent une vie d'oiseau ; c'est aussi à la manière des oiseaux qu'ils font leur nid. Ils le placent au faîte d'un arbre élevé, souvent sur un vieux sapin. Ils commencent par apporter dans leur bouche du gazon sec, de la mousse, qu'ils déposent sur une grosse branche ou dans une enfourchure, puis des bûchettes qu'ils entrelacent, pressent, foulent à mesure. Quand le fond de la couche est fait, ils en élèvent les bords, et par-dessus mettent un toit ; ils n'y laissent qu'une ouverture vers le haut, à peine assez large pour passer. Ce petit édifice se confond tellement avec la ramure de l'arbre qu'il est presque impossible de l'apercevoir.

Mais ce n'est pas assez pour l'écureuil de se mettre à l'abri ; malgré sa vivacité, il n'est rien moins qu'étourdi et imprévoyant : il songe à s'assurer des vivres pour les temps de disette. Le creux d'un arbre, une fente de l'écorce, quelquefois un trou en terre, dans un lieu sec, lui servent de magasin ; il y entasse force glands, faînes ou noisettes. Ses provisions dépassent même de beaucoup ses besoins. De la prudence à l'avarice, on sait qu'il n'y a qu'un pas.

Une preuve que l'écureuil en amassant ainsi obéit surtout à la manie de thésauriser, c'est qu'en captivité, au milieu d'une abondance assurée, on l'a vu se livrer à ce même excès de prévoyance. Un naturaliste anglais, le docteur Jonathan Franklin qui, pendant un séjour en Amérique, avait plusieurs de ces animaux apprivoisés (de l'espèce appelée écureuil volant, Pteromis), raconte qu'au lieu de se contenter de la nourriture qu'ils pouvaient absorber, ils ne manquaient jamais d'emporter le superflu.

Nid d'écureils
UN NID D'ÉCUREUILS.
Dessin de Freeman.


« Un jour, dit-il, ils s'amusèrent à cacher dans les faux plis de mon pantalon les noisettes que je leur avais données sur mes genoux pendant que j'étais assis. Au bout de quatre jours, je leur ouvris la porte de la cage, et les écureuils vinrent aussitôt examiner les faux plis de mon pantalon pour y retrouver les trésors qu'ils y avaient enfouis... »

« Mes amis s'amusèrent plus d'une fois à observer les écureuils tranquillement assis sur la corniche de la chambre jusqu'à ce que le thé fût servi. Ces animaux descendaient alors les uns après les autres, soit sur ma tête, soit sur ma table, et volaient des morceaux de sucre si habilement que nous pouvions rarement les attraper sur le fait. Nous fûmes souvent obligés de placer une soucoupe en guise de couvercle sur le sucrier, afin de conserver quelques morceaux pour nous-mêmes. Ils guettaient alors l'occasion d'enlever notre pain rôti et notre beurre, qu'ils portaient sur la corniche, puis ils rôdaient çà et là jusqu'à ce qu'ils crussent avoir trouvé une place sûre pour les y cacher. Cette opération exige quelques formalités : ils grattent alors avec leurs pieds de devant, poussent la nourriture dans le trou avec leur museau et marchent dessus, comme font les Arabes pour cacher le grain dans les silos. »

« Un jour que l'on était en train de repeindre ma chambre, nous trouvâmes dix-huit morceaux de sucre, sans compter les rôties et les fragments de beurre, dans les recoins de la corniche. Naturellement les écureuils n'eurent point la permission de faire leur promenade du soir tout le temps que dura la restauration de mon logis ; mais, après trois semaines ou un mois d'emprisonnement, je leur donnai de nouveau congé. Nous nous divertîmes fort de voir leurs allées et venues continuelles, leur anxiété et leur désappointement, quand ils découvrirent que leurs provisions avaient disparu. Dès que le thé fut servi, ils recommencèrent à voler le sucre ; mais cette fois ils le cachèrent dans d'autres coins de la chambre, sous le tapis et derrière les livres. »


Images

Ecureuil 01.jpg Ecureuil 03.jpg Ecureuil 04.jpg Ecureuil buvant.jpg Ecureuil 02.gif Ecureuil gris.gif Nid d'ecureuils

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