hhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh | |||
|
|||
hhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh |
Les crocodiles disposent notamment d'une forme particulière d'articulation de la cheville, originalité du squelette leur permettant de se déplacer à terre comme les lézards, le ventre très près du sol, mais également en position haute, comme les mammifères. Cette maîtrise des déplacements terrestres, bien qu'elle ne constitue pas leur point fort et qu'elle reste variable selon les espèces de crocodiliens, est complétée par une remarquable adaptation morphologique au milieu aquatique, liée à plusieurs facteurs anatomiques.
En premier lieu, la longue queue fortement musclée assure par ondulation l'essentiel de leur motricité et est assistée par des pattes arrière palmées (les antérieures ne le sont pas) qui font office de gouvernail et sont capables d'imprimer un puissant mouvement de plongée en cas de danger. Ce type d'articulation, en permettant une meilleure flexibilité de la colonne vertébrale, améliore notablement les dualités de nageurs des crocodiles.
Enfin, l'adaptation à la respiration en milieu aquatique se traduit par la présence d'un palais secondaire, isolant les voies nasales et buccales, ainsi qu'un voile musculeux au fond de la bouche, séparant voies digestives et voies respiratoires.
Il permet à l'animal d'ouvrir la gueule sous l'eau sans suffoquer. I1 peut donc repérer ses proies terrestres et aériennes tout en restant immergé, seuls son nez, ses yeux et ses oreilles affleurant. Sous l'eau, la chasse est également facilitée par des narines se fermant automatiquement en plongée, et par la membrane nictitante, voile translucide protégeant les yeux.
Pour les crocodiliens, l'adaptation au milieu aquatique est une nécessité vitale. Leur corps ne dispose pas de plumes ou de poils isolants, et leur température interne dépend en majeure partie du milieu ambiant. Ils passent donc leur temps à se protéger du froid dans l'eau quand ils ne sont pas à terre pour se réchauffer au soleil. Aussi, même s'ils ont développé au fil des temps divers comportements et particularités anatomiques facilitant la régulation thermique dans leur énorme corps, ils doivent vivre dans des régions où les basses températures ne descendent pas en dessous de 10°C. En deçà, le froid les tuerait!
L'eau est indispensable à bien des égards. Grâce à la poussée d'Archimède, le lourd corps des crocodiles peut flotter et la dépense d'énergie lors des déplacements aquatiques est moindre. Par ailleurs, l'élément liquide absorbe la chaleur aussi lentement qu'elle la redistribue, et beaucoup moins vite que la terre. Sous le soleil des tropiques, elle assure fraîcheur le jour et chaleur la nuit... bref, le confort thermique constant souhaité par les crocodiles. Enfin, l'eau est source de végétation et de vie animale, et toutes les proies du crocodile viennent se nourrir ou se désaltérer aux points d'eau.
Les espèces les plus septentrionales de crocodiles peuvent cependant être confrontées au gel et au froid hivernal. Pour survivre, elles ont donc dû développer une technique spéciale. En s'installant dans une cuvette d'eau recouverte de glace, un petit trou creusé dans la couche supérieure lui permettant de respirer, il y reste jusqu'à ce qu'une élévation de la température externe le libère de son emprisonnement volontaire...
De même, aux saisons chaudes, les crocodiles anticipent les vagues de chaleur estivale en creusant et aménageant des trous d'eau, afin de prévenir l'évaporation et l'encrassement.
Bon isolant thermique, la boue est également utilisée, et s'en enduire le corps offre une protection au soleil pendant les périodes de sécheresse. Certains crocodiles creusent des terriers pour s'y rafraîchir, alors que d'autres passent toujours la nuit à terre.
Les crocodiles figurent parmi les prédateurs les plus évolués de la planète. S'ils savent se contenter de peu en volume, la diversité de leur proies est impressionnante. Leur atouts : les deux armes complémentaires que sont la force et la ruse.
Environ soixante-dix dents, une puissante masse corporelle protégée par une solide carapace d'écailles, des pattes musclées capables de produire des bonds de la longueur de leur corps... sans oublier une approche discrète à fleur d'eau: la mécanique de prédation des crocodiles est l'une des plus redoutables du monde animal.
Et pourtant, loin de l'imagerie populaire les désignant comme des monstres voraces, ces carnassiers peuvent tout à fait se priver de nourriture durant de longues périodes!
Un appétit graduel:
La complexité physiologique des crocodiles influe de plusieurs manières sur leur alimentation. En premier lieu, l'âge conditionne les quantités et la nature des proies nécessaires à leur croissance. Le menu est principalement composé de batraciens et d'insectes, jusqu'à ce que l'individu atteigne une taille de 50 cm. En se rapprochant de la maturité sexuelle, intervenant vers six ans, et d'une taille de deux mètres, le jeune crocodile est en mesure d'absorber des gastéropodes, oiseaux et surtout des poissons. Au-delà de cet âge et de cette taille - la croissance osseuse des crocodiles ralentit mais ne cesse pas avec les années, les outils de la prédation sont achevés et l'animal est armé pour s'attaquer aux grands poissons et mammifères qui composeront ses menus jusqu'à sa mort.
Mais l'alimentation est irrégulière. On considère que les adultes font tout au plus quatre repas par mois en moyenne. Certains mâles de plus d'une tonne sont même capables de jeûner près de deux ans! Si la disponibilité de nourriture propre à l'habitat conditionne bien évidemment la régularité des repas, cette mesure s'explique surtout par des raisons d'ordre interne.
Un appétit proportionné:
Tout d'abord, l'estomac des crocodiles est petit. Si la victime est de grande taille, plusieurs repas seront nécessaires, et la carcasse de la proie sera dissimulée sous l'eau, près d'un rocher ou entre les racines d'un arbre, le temps de la laisser se décomposer.
Cette capacité d'absorption est cependant compensée par une acidité gastrique exceptionnelle qui permet la digestion complète de la nourriture ingérée, os compris. Par ailleurs, l'ensemble des aliments est converti en graisse, réserve énergétique stockée dans la queue et autour des organes vitaux. Chaque repas profite donc au maximum et pour longtemps. Mais ce qui caractérise l'alimentation des crocodiles est l'influence de la température.
Comme chez tout les reptiles, le métabolisme des crocodiles est très lent: un certain niveau de chaleur est nécessaire pour activer les fonctions essentielles du corps. L'équation est simple: sans chaleur, pas de digestion, et a fortiori pas d'activité de chasse.
De ce fait, et comme ils ne disposent que d'une cuirasse d'écailles, bien moins conservatrice de chaleur qu'un plumage ou un pelage, les crocodiles sont très dépendants de la température externe et doivent se chauffer au soleil avant d'envisager l'effort coûteux en énergie que représente le repas. En revanche, grâce à leurs réserves de graisse et à cette capacité de transformation de la chaleur ambiante en énergie, ils ont 30 à 50 fois moins besoin de nourriture que les oiseaux ou les mammifères.
Ce métabolisme « économique » n'est cependant pas sans conséquences sur leur mode de prédation: tout effort prolongé épuise rapidement le crocodile. De ce fait, il a intérêt à pratiquer la chasse à l'affût, c'est-à-dire à attendre ses proies et les attraper d'un seul coup...
Le temps de récupération après un effort musculaire est toujours très long chez le crocodile. Si certains adultes sont capables de poursuivre leurs victimes sur la terre ferme, c'est seulement sur quelques dizaines de mètres. Peu endurants, ils ont donc affiné leurs techniques de chasse, privilégiant la surprise, la rapidité et la précision de l'attaque...
Le corps immergé dans les eaux basses des rivières ou des marais, la plupart des espèces se confondent à leur environnement, derrière une touffe de roseaux ou au milieu de nénuphars, avant de surprendre leurs victimes. (ce type de camouflage leur permet de sentir, voir et entendre, en ne laissant apparaître que les narines et le sommet du crâne).
Parfaitement dissimulés, les crocodiles attendent généralement que d'autres animaux s'approchent de l'eau pour les attaquer. Le bond final, obtenu par une poussée des pattes postérieures, peut propulser très loin le crocodile sur la rive, et d'un coup de queue, ils peuvent élever leur mâchoire à plus de 1,50 m de haut pour attraper un oiseau.
Les buffles, les zèbres ou les antilopes constituent les proies idéales, d'autant plus que la boue glissante et les escarpements des rives rendent généralement la fuite plus difficile.
D'une foudroyante attaque, les crocodiles attrapent leur proie d'un seul bond, la douleur de la morsure tétanisant les victimes qu'ils maintiennent le plus souvent entre leurs puissantes mâchoires et entraînent sous l'eau où elles périront noyées. Au milieu de grands rassemblements de proies, certains crocodiles de taille cherchent simplement à utiliser leur tête ou leur queue comme une massue et à emporter leur futur repas vers la rivière sans retour.
La technique d'approche est globalement la même pour tous les crocodiles, mais certaines espèces ont développé des particularités étonnantes. Les grands crocodiles par exemple, ont su largement tirer profit de l'habitude territoriale de certaines espèces. Lors des migrations saisonnières de troupeaux d'herbivores africains tels que les gnous, les crocodiles sont fidèles au rendez-vous: les gnous utilisant les mêmes gués d'année en année, l'affût n'est même plus nécessaire.
Certains ont pris l'habitude de stationner à l'emplacement précis des frondaisons arborées où vivent les colonies de renards volants. Il lui suffit de bondir hors de l'eau chaque fois que l'un d'entré eux passe à sa portée. Ce type de comportement est parfaitement associé au principe d'économie d'énergie.
Peu spectaculaire, la capture des poissons révèle également des attitudes intéressantes. Une fois prisonnières des mâchoires, les proies sont maintenues dans la gueule des crocodiles qui, par une série de morsures étudiées, replacent le poisson dans la position voulue. Les crocodiles ont ainsi appris à orienter la disposition de leurs proies afin d'éviter que les rayons épineux de l'épine dorsale ne les blessent à la gorge.
D'autres ont développés une technique particulièrement perfectionnée: Ils chassent les poissons en nageant le long de la rive, tandis que sa queue recourbée frôle la berge et forme comme un filet : les poissons ainsi rabattus sont gobés d'un simple mouvement de tête vers la rive.
En matière de stratégie de chasse, le Crocodile du Nil apparaît comme étant l'espèce la plus performante. On a déjà vu des individus isolés courber de leur queues des roseaux pour en faire tomber les tisserins, mais c'est en groupes qu'ils font preuve des comportements les plus surprenants car coopératifs.
Au cours des migrations qui mènent les bancs de poissons vers l'océan, les crocodiles s'organisent pour former un barrage. Disposés en demi-cercle, ils conservent chacun une place bien définie, avalant les poissons qui passent à leur portée. L'attribution d'une place fixe à chacun des individus, sans que ce système ne soit jamais remis en question par aucun des membres du groupe, augmente considérablement les chances de capture.
Le même principe a également été observé lors de repas effectués en commun sur des proies importantes. On a pu voir jusqu'à trente crocodiles autour d'un buffle, et plus d'une centaine de crocodiles se partager la carcasse d'un hippopotame sans qu'aucun conflit n'apparaisse au sein d'un va-et-vient permanent.
Attendant patiemment son tour, chaque animal réussit à s'alimenter sans avoir à s'imposer sur ses congénères. Cette forme de coopération sociale est exceptionnelle chez les reptiles. Elle démontre l'intelligence de ces animaux, conscients que leur petit estomac sera vite rempli et que leur dentition ne leur permettra pas de dépecer seuls une proie importante sans décomposition préalable.
A SAVOIR…