L'arbre des langues
Un article de L'Express, N°2093 de août 1991.
Les linguistes recherchent les mots et les structures grammaticales similaires pour déterminer, dans les langues parlées actuellement, des origines communes. Ils ont déjà défini les règles qui leur permettent de remonter vers les langues mères. Paradoxalement, celles-ci sont toujours plus complexes, car, en évoluant, les langages se simplifient. Exemple : la majorité des déclinaisons ont disparu récemment de nos langues.
C'est le latin qui a donné naissance aux parlers italiques (ou romans) tels que le français, l'italien, l'espagnol, le roumain et le catalan. Mais le latin lui-même, comme le grec ancien et le sanskrit - langue des très vieux textes religieux de l'inde - a une origine plus lointaine : l'indo européen. Cette langue a du être employée il y a environ 8000 ans. Mais, avant elle, les hommes ont parlé un dialecte encore plus antique. C'est l'hypothèse avancée par un petit groupe de chercheurs, qui ont établi un lexique de mots semblables dans quatre branches différentes : l'indo-européen, le géorgien, l'élamo-dravidien et l'afro-asiatique. Cela les a conduits vers une langue d'origine, le nostratique. Certains vont même plus loin et reconnaissent, dans des langues de la famille eurasiatique, des racines communes avec le nostratique. Ce qui leur permet d'affirmer que les peuples qui appartiennent à ces groupes linguistiques ont la même origine. Egyptiens, Slaves, Indiens, Aïnous, les habitants originels du Japon auraient donc les mêmes ancêtres paléolithiques. Une hypothèse très controversée. Un travail semblable a été fait pour d'autres familles, comme celle du sino-caucasien. On a ainsi pu rapprocher le basque, l'étrusque, le sino-tibétain et les langues du Nord-Caucase : les ancêtres des hommes qui parlent ou ont parlé ces langues auraient possédé, à l'époque des tout premiers Homo sapiens, un dialecte commun : le déné-caucasien. Quelques linguistes soviétiques ont récemment étudié cette famille sino-caucasienne qui comprend, notamment, le chinois et certaines langues mortes du Moyen-Orient - comme celles des Hourrites et des Hattis. De plus, le Soviétique Sergueï Starostin, élève de Dolgopolsky, affirme que les langues na-déné parlées par certains Indiens d'Amérique, comme les Navajos et les Apaches, se rattachent â cette grande famille.
(Les langues mortes sont indiquées en grisé sur l'illustration.)
L'arbre des langues
(en gris les langues ou branches de langues mortes)
Françoise Monier M
Ainsi parlaient les 1ers hommes.htm
Et le son devint signe
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