Le travail des enfants au XIXe siècle

Travail des enfants, Lettre du 31 mai 1837 de la societe industrielle de Mulhouse.jpg

Les lois

22 mars 1841 : travail interdit avant 8 ans, 8 heures entre 8 et 12 ans, 12 heures entre 12 et 16 ans
19 mai 1874 : travail interdit avant 12 ans, pas plus de 6 heures pour les moins de 15 ans sans certificat d'instruction
28 mars 1882 : Loi Ferry école obligatoire de 6 à 13 ans
29 mars 1892 : Travail interdit avant 13 ans
30 mai 1900 : Journée de travail de 11 h coupée de repos

La société industrielle de Mulhouse, dans cette lettre du 31 mai 1837 au ministre du Commerce, signale les graves abus dont sont victimes les enfants dans certaines filatures, et demande, pour y remédier, une loi applicable à tous, seule capable de supprimer la concurrence.
La révolution industrielle du 19ème siècle, nécessite une main-d'oeuvre abondante et la mécanisation permet « de remplacer dans les ateliers un plus grand nombre d'hommes par des enfants ». « Certains travaux... ne peuvent être bien et facilement exécutés que par des enfants... La tâche qui leur est confiée exige une délicatesse dans les doigts pour rattacher les fils et une souplesse de corps pour se glisser sous toutes les parties du métier ».
Mais c'est avant tout par économie que les fabricants emploient les enfants. L'augmentation de la production provoque une concurrence effrénée et oblige à abaisser au maximum les prix de revient, et surtout le salaire des ouvriers.
Quelques industriels ont bien essayé de ne pas employer des enfants : ils ont dû y renoncer car les autres leur faisaient une conçurrence trop redoutable. Un enfant reçoit 0,25 à 0,75 F, un homme 2 à 4 F.
Les enfants travaillent parfois dès 6 ans, « mais en général, on peut regarder 8 et 9 ans comme étant l'âge auquel les enfants sont communément admis. Les travaux à 6 et 7 ans paraissent se borner à bobiner le fil ou à ramasser le coton qui s'échappe des ventilateurs ».
Beaucoup « arrivent à l'âge d'homme ne sachant ni lire, ni écrire, affaiblis de corps et d'esprit, et ayant parfois puisé au sein des fabriques des leçons d'une immoralité précoce ».
Les enfants sont aussi employés dans les mines, dans les tours de potiers: « L'enfant, debout sur une pédale et appuyé sur une traverse afin de se maintenir en équilibre, met le tour en action par un mouvement de sautillement qui est extrêmement fatigant ».
En Angleterre, industrialisée savant la France, les conditions de travail des enfants sont effroyables. Des lois (1802 et 1833) fixent l'âge d'entrée dans les fabriques (8 ans) et la durée du travail (6 à 7 h de 8 à 13 ans et 3 h à l'école). Leur mise en application sera très lente malgré la création de quatre inspecteurs du travail.
En France, malgré l'indifférence des milieux bourgeois, le docteur Villermé enquête, en 1837, à la demande de l'académie des Sciences morales et politiques, dans les départements sur « l'état physique et moral des classes ouvrières ». La publication de son rapport, et surtout ses révélations sur le sort des enfants, ont un grand retentissement.
La législation française tente alors, sur le modèle anglais, de limiter cette exploitation et de permettre à tous d'acquérir l'instruction primaire. La première loi votée le 22 mars 1841 ne prévoit que des amendes très faibles et elle ne sera que « très incomplètement appliquée ».
Les inpecteurs du travail dont les fonctions sont gratuites se heurtent à la mauvaise volonté des employeurs, comme à celle des parents qui ne peuvent se passer du maigre appoint du salaire des enfants.
De plus, la loi ignore totalement le monde agricole où les enfants, plus encore que dans les villes, échappent à la scolarisation. Ils sont employés... à la « conduite des bêtes de labour, la garde des troupeaux, la préparation et la distribution de la nourriture des animaux ».
Les filateurs de Mulhouse ont, les premiers, clairement attiré l'attention des Pouvoirs publics sur « l'envers du décor » du monde industriel, et posé les deux graves problèmes du travail trop précoce et de l'absence d'instruction des enfants. Malgré les efforts des inspecteurs et des instituteurs, malgré de nombreuses lois, il faudra plus d'un demi-siècle pour les résoudre.


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